Penser l’avenir de l’animation à l’ère des mutations accélérées
Lettre de la Fédération N° 31 – Octobre 2023
En septembre dernier, une grande fête ouvrait la série d’évènements que la Fédération des centres de loisirs et de rencontres (FCLR) consacre aux 30 ans de la Charte cantonale, texte boussole de l’action des centres et de toutes les actrices et acteurs bénévoles et professionnel·les de l’animation socioculturelle genevoise. Ce jubilé est une excellente occasion de célébrer le chemin parcouru, les réalisations, les combats, les acquis, parce que, oui, cela fait 30 ans que ce texte fait référence ! Et ce n’est pas rien dans l’histoire tumultueuse de l’ASC de ce canton. Mais les jubilés sont aussi de bonnes occasions de marquer des pauses, de faire des pas de côté pour relire l’histoire et la relier à ce qui est, et penser la suite. Dans le futur, ce sera quoi l’animation socioculturelle ? Quel terreau social viendra-t-elle irriguer ? Ces questions ne sont pas nouvelles. Mais dans un contexte de crises multiples et d’émergence de nouveaux enjeux, elles donnent aux 30 ans de la charte une résonance particulière. Comment les centres pensent-ils l’avenir ? Comment empoignent-ils les enjeux de société émergents et comment voient-ils leur travail évoluer ? Ces défis-là seront à n’en pas douter au cœur de la table-ronde «ASC : est-ce déjà trop tard pour penser l’avenir ?» que la FCLR organise le 16 novembre prochain. En avant-goût, les maisons de quartier (MQ) de Carouge, Chausse-coq et Plainpalais, et le Locados nous ont partagé leurs réflexions autour de projets bien ancrés dans la réalité de leurs quartiers respectifs.
«L’animation est une action sociale qui s’exerce au travers d’activités diverses au quotidien en tenant compte des conditions sociales, culturelles, économiques et politiques des populations concernées. Son action vise à mobiliser des groupes et des collectivités en vue d’un changement social. Elle s’exerce sur la base d’une participation volontaire et démocratique faisant appel à la citoyenneté.»
C’est par cette définition du Conseil de l’Europe que s’ouvre l’ouvrage à paraître de Roland Junod sur l’animation socioculturelle[1]. Après avoir analysé l’histoire de ce troisième champ du travail social, l’auteur aborde dans un dernier chapitre son évolution récente et ses perspectives «en des temps difficiles». Rappelant que la participation n’est jamais acquise, incertitude essentielle du métier de l’animation, en particulier dans l’actuel «climat d’hyper individualisme et de loisirs de masse», il relève aussi le contexte particulier des «mutations accélérées (au niveau global comme dans notre pays) avec lesquelles nos animateurs socioculturels sont d’ores et déjà confrontés». Et d’en citer quatre : la crise climatique, la crise de la démocratie participative, la crise des identités («à laquelle les adolescents et les jeunes adultes sont particulièrement confrontés ») et la crise de la gestion politique des migrations. «Ces quatre éléments», nous dit-il, «appellent (…) un positionnement des acteurs de l’animation socioculturelle à travers lequel il feront valoir leur vision de ‘ce que peut l’animation socioculturelle en des temps difficiles’». Les centres d’animation socioculturelle sont déjà confrontés aux turbulences sociales de l’une ou l’autre de ces crises et proposent des positionnements pour y répondre.
Crise écologique : mobiliser, susciter l’émerveillement
En arrivant à la MQ de Chausse-Coq, dans le Manège en Ville, cette fin d’après-midi-là, je suis accueillie par Candice Martinez, membre du comité de la MQ de Plainpalais et du collectif BiodiverCité, et Pierre-François Burgermeister, habitant de la vieille ville et membre du collectif BiodoverCité. Thomas Schnyder, animateur socioculturel de Chausse-Coq, nous rejoint bientôt. Une interview avec trois personnes, qui plus est avec un habitant du quartier, c’est une première ! Et pour cause ! Ornithologue amateur, Pierre-François est un «habitué» des propositions d’animations à Chausse-Coq. Déjà à l’origine de plusieurs sorties au bord du lac dont une pour observer les canards, c’est sa rencontre avec Candice Martinez, qui anime les ateliers «BiodiverCité Plainpalais» avec Aurélie Angéloz, qui a fait le lien avec Chausse-Coq et déclenche une collaboration entre le collectif et les deux MQ. Résultat : l’organisation conjointe d’un «Aujourd’hui, c’est jeudi : Biodiversité», une conférence-débat qui aura lieu au Manège en Ville le 2 novembre prochain, accompagné d’un «apéro» proposé par Rafaël Droz à base de plantes sauvages fraîchement cueillies.
Rembobinons le film… C’est en septembre 2022 que le collectif BiodiverCité a vu le jour, porté par Aurélie Angéloz et Candice Martinez. Son objectif : proposer une fois par mois dans le quartier de Plainpalais des rendez-vous pour se réapproprier l’espace public et aller à la découverte de la biodiversité dans le quartier. Chaque atelier est l’occasion d’aborder un thème en particulier autour d’une déambulation dans l’espace urbain, et de rencontrer un·e spécialiste du sujet. Début octobre, une quinzaine de participant·es de tous âges sont ainsi allé·es débusquer les mousses et lichens sur un parcours reliant la MQ de Plainpalais au parc des Bastions. Quelques mois auparavant, l’atelier portait sur les oiseaux : les participant·es ont fabriqué des nichoirs et les ont installés dans le quartier.
Pourquoi la biodiversité ? «Parce qu’à Plainpalais, il y a très peu de verdure et de vie sauvage », explique Candice Martinez. «Le collectif BiodiverCité veut offrir aux habitant·es des moments d’échange et de mobilisation autour de la biodiversité, les rendre actrices et acteurs de leur environnement.» Pierre-François Burgermeister ajoute: «de plus en plus de gens sont conscients des enjeux écologiques mais sont découragés et fatalistes face au bouleversement climatique. Avec les ateliers, on veut montrer que chacun·e peut contribuer, même avec une petite chose comme faire un nichoir : voir les mésanges venir, les observer, cela peut redonner de l’élan». On le voit, il s’agit d’offrir aux habitant·es des espaces d’émerveillement et une autre manière de se réapproprier leur environnement de vie. «Les maisons de quartier ont un rôle à jouer là-dedans», estime Thomas Schnyder. «À Chausse-Coq, nous essayons d’accueillir les préoccupations des habitant·es. Quand Pierre-François nous a sollicités, on a répondu. Ce qui est nouveau ici, c’est la thématique de la biodiversité et le format de conférence-débat dans le cadre des ‘Aujourd’hui, c’est jeudi’ dont les derniers ont surtout proposé des expositions et des concerts d’habitant·es du quartier. L’autre nouveauté, c’est la collaboration avec une autre MQ.
Crise des identités : faire avec les jeunes
La dimension collaborative entre centres est aussi au cœur du projet «Street Youth League» (SYL), un championnat de foot inter-quartiers avec plusieurs centres et équipes de TSHM, pour répondre au problème des bagarres entre bandes rivales. A l’origine du projet, l’association Gennecy Bricks rassemble d’anciens jeunes du quartier d’Avully pour qui «le foot de rue offre à chacun la possibilité de s’exprimer et de se surpasser» et de trouver sa place dans la vie. En 2021, dans un contexte de violences post-Covid entre quartiers rivaux, Gennecy BRICKS a proposé à la MQ des Pâquis l’idée d’un championnat de foot de rue. La MQ des Pâquis a à son tour pris contact avec des TSHM et d’autres centres dont la MQ de Carouge. Le concept : un championnat sur autant de jours que d’équipes de quartiers participantes, chaque équipe accueille à tour de rôle les autres. L’objectif : sortir les jeunes de leur quartier, leur offrir de nouveaux espaces de valorisation par le sport et réduire la violence.
Aurélia Heiniger, animatrice à la MQ de Carouge, raconte : «Monter ce projet était une prise de risque. Il fallait mettre tous nos problèmes ensemble, travailler sur une culture commune entre animateurs et animatrices, penser ensemble comment prendre en charge les violences… Ce projet s’est construit en intelligence collective de façon très intuitive».
«Quand Aurélia nous a présenté le projet, je n’y croyais pas», se souvient Miguel Filgueiras, président de la MQ de Carouge. Les résultats l’ont convaincu. Le tournoi n’est certes pas exempt de débordements. Ainsi, cette année, il a fallu annuler une journée de compétition en raison de tensions. Mais en 2022, huit équipes ont participé ; en 2023, elles étaient 12, soit quelque 150 jeunes. Et le projet génère des dynamiques multiples. Les jeunes ont participé à l’organisation du tournoi, ils ont réfléchi au besoin d’arbitrage, ils se sont aussi débrouillés en parallèle pour trouver des espaces d’entraînement dans leur quartier. Quand le tournoi s’est déroulé à Carouge, «des membres du comité et des bénévoles se sont impliqué·es», explique Xavier Gilloz, animateur à la MQ de Carouge. «Des mamans du quartier ont préparé à manger pour les jeunes, des grands-mères leur ont servi des gâteaux. Les adultes ont ainsi vu 150 jeunes des quartiers capables de vivre une journée positive. Des liens intergénérationnels se sont créés, et les regards des un·es sur les autres ont changé».
Déconstruire les a priori des un·es sur les autres est clé pour désamorcer les tensions et éviter l’escalade et la répression. Fin août cette année, le quartier du Vélodrome à Plan-Les-Ouates a connu une recrudescence d’incivilités venant de groupes de jeunes de 13-15 ans. Les autorités communales ont interpellé l’équipe d’animation du Locados et les TSHM et très vite une action a été mise en place. Dès mi-septembre, des goûters ont été mis sur pied avec et par les jeunes, dans le cadre de petits jobs payés par la commune. L’objectif : investir l’espace public en y faisant venir les adultes, les parents et les enfants, et montrer que cet espace n’appartient pas qu’aux jeunes, tout en valorisant ces derniers. «Ces jeunes qui n’avaient aucun lien ont maintenant une autre image d’eux-mêmes et ont donné une autre image à la population», analyse Jean Chal, président du Locados.
Ces jeunes, l’équipe d’animation du Locados les connaît bien et en avait déjà parlé avec le comité. Des mesures avaient été mises en place au sein du centre, avec le soutien du comité, pour créer du lien avec eux. «Si nous avons réagi aussi rapidement fin août, c’est parce que le centre est toujours ouvert, même en été, que nous analysons en permanence ce qu’il se passe sur le terrain et que nous sommes sans cesse en diagnostic», explique Anandy Clerc, coordinatrice au Locados. «Dès que la commune nous a sollicités, nous avons rassemblé nos constats avec les TSHM, nous avons thématisé la situation et très vite pu mettre en place un dispositif, dans une intention bien particulière : travailler sur le vivre ensemble dans le quartier à partir de ce que ces tensions cristallisaient.» Car si les tensions avec les jeunes ne sont pas nouvelles, la nature de la crise chez cette population a changé. Anandy Clerc en identifie les éléments saillants : l’augmentation des troubles psychiques post-covid, la paupérisation de la population avec la crise économique actuelle, le désœuvrement avec les mesures FO18 qui n’occupent les jeunes qu’une demi-journée par semaine, et la crise de l’autorité parentale. Sur ce dernier point, l’équipe a développé une vision : «On pense qu’il y a aussi un problème du côté des adultes qui face aux jeunes, au lieu de donner l’exemple en restant calmes et constructifs, montent en symétrie dans les propos déplacés, et de fait confortent les jeunes dans cette attitude. Les débordements des jeunes sont la partie visible des tensions. Mais cela ne veut pas dire qu’ils en sont la cause. La problématique est plus large : précarisation, manque de perspectives, etc. C’est la culture du vivre ensemble qui en souffre». «Dans ce contexte», ajoute Jean, «c’est important pour nous d’intervenir : c’est notre boulot et notre expertise. Qui va le faire si ce n’est pas nous ? Nous sommes souvent les seuls à parler avec ces jeunes».
Cette activité ponctuelle a porté ses fruits. Les goûters ont mobilisé une soixantaine de personnes. Les jeunes qui ne faisaient rien avec le Locados ont tous été d’accord de faire des petits jobs pour organiser ces goûters, et ces petits jobs vont se poursuivre dans le cadre d’autres projets. De plus, les jeunes viennent maintenant aux accueils du Locados, ce qui permet de maintenir le lien et d’établir un dialogue dans la durée : l’organisation d’un camp à Marseille est en discussion.
Crise de la participation : des pistes dans le «faire» et le «faire ensemble»
Pour Thomas Schnyder, l’enjeu actuel, c’est : «le bénévolat, l’implication dans les comités. Comment faire en sorte que les gens s’impliquent avec le rythme de vie actuel ?». Candice Martinez et Pierre-François Burgermeister identifient des pistes dans le «faire» et le «faire ensemble». Le projet de jardins potagers initiés à la Villa Freundler, dans le cadre d’un projet de bande verte et de végétalisation du quartier de Plainpalais, en donne une illustration. Cela pousse la MQ de Plainpalais à mener une réflexion plus large et à chercher de nouveaux lieux pour planter, et surtout «mobiliser», plus qu’impliquer, les habitant·es autour de ces lieux de biodiversité et de reconnexion au vivant en mettant les mains dans la terre. «Dans l’action concrète et dans le ‘faire’, les gens sentent leur utilité et l’utilité de leur contribution», abonde Thomas Schnyder.
Toujours en lien avec la crise écologique mais aussi avec la crise des identités qui touchent les jeunes, Candice Martinez suit de près ce que fait l’association Banlieues Climat en France. Fondée en novembre 2022, cette association permet aux quartiers populaires de s’approprier la question climatique à travers la sensibilisation et la formation des jeunes. Une fois formé·es, les jeunes peuvent ensuite animer des ateliers dans les écoles, et être rémunérés pour cela. Des pistes à explorer non seulement pour faire participer et mobiliser les jeunes sur un enjeu qui va les impacter de plein fouet, mais aussi pour les valoriser et les autonomiser.
Décloisonner l’action, décloisonner le dispositif
Candice Martinez voit aussi une nécessité pour les centres de se décloisonner. S’inspirant de Pré-en-Bulle, il faudrait sortir des murs de la MQ : «cela nous fait du bien de reprendre contact avec notre habitat et le quartier. Pour amener les habitant·es à se réapproprier leur quartier, nous devons le faire aussi».
«Un projet comme le SYL a émergé de la base. Il n’est pas parti de la FASe, ni des politiques, ni de la FCLR. Il n’est pas parti de l’institution mais d’une association de jeunes», explique Xavier Gilloz. Cette source est une autre clé de l’action et du dispositif. C’est précisément ce marqueur qui caractérise la première «Journée genevoise de l’animation socioculturelle» qui a eu lieu le 4 mars dernier à la MQ de Saint Jean. Organisée hors de l’institution, par le Collectif En route vers Mars composé de membres de comités et de professionnel·les de l’ASC, cette journée était ouverte aux actrices et acteurs des centres, mais aussi aux habitant·es, aux autorités et à la FASe et à la FCLR. Toutes et tous étaient invités à un world café autour des valeurs de l’ASC, une discussion-débat sur le partenariat FASe et une table-ronde sur le transfert de charges, ainsi qu’à des animations tout public.
Très impliquée dans l’organisation de la journée, Aurélia Heiniger se souvient : «cette journée était à l’image de l’ASC : nous avons pu parler entre professionnel·les et membres de comité de questions de fond tout en restant dans le plaisir, le partage et la joie. Il y avait aussi bien les ‘retraité·es’ de l’animation, pour qui cette journée était un baume sur des blessures anciennes, que les nouvelles générations qui souhaitent remettre de la joie et de l’espoir au sein de l’ASC». Xavier Gilloz abonde : «ce champ du travail social est le seul qui mêle professionnel·les et bénévoles. Il est humble et a besoin de reconnaissance. À travers cette journée, nous avons travaillé à son empowerment, une reconnaissance par nous-mêmes et par la qualité de la réflexion et de l’action. Le programme a été construit dans la pure philosophie de l’ASC : par le débat, de l’horizontalité, des décisions partagées et la confiance dans le collectif».
Miguel Filgueiras ajoute que «du point de vue du comité, cette journée a permis d’échanger entre nous autour d’un passé commun et d’une culture commune et d’en transmettre l’historique. Lorsque des politiques nous disent que l’animation, c’est obsolète et qu’il faut passer à autre chose, c’est bien de ne pas oublier d’où elle vient, de rappeler qu’elle a toujours su évoluer avec son temps sans perdre de vue sa dimension associative. Cette journée nous permettait de ne plus nous sentir seul·es et de nous rendre compte que dans les centres, nous vivons les mêmes contraintes, les mêmes attaques, les mêmes difficultés. Cette journée était un peu comme des Assises et non comme une AG où on débat sur un point en particulier, en perdant parfois de vue la vision globale».
Décloisonner l’action, c’est aussi l’inscrire dans une amplitude large. «Pour pouvoir anticiper, faire de la prévention et éviter l’exclusion, il faut être sur le terrain en permanence et être proactif. C’est pour cela que le Locados est ouvert 52 semaines par an. A l’avenir, les centres devraient tendre vers cela», explique Jean Chal. «Cela exige beaucoup de motivation et d’organisation de la part de l’équipe d’animation, ce dont le comité se réjouit et qu’il ne peut que soutenir». «Il faut aussi avoir un accueil inconditionnel, sans exclusion», ajoute Anandy Clerc. «On ne conditionne pas l’échelle de la participation. Il faut travailler avec tous les publics, même les défiants. Cela demande de la disponibilité et de la continuité, mais c’est la condition pour avoir une vraie mixité. On ne peut pas laisser les quartiers sans présence ni activité l’été. Si on ne réagit pas, la situation des jeunes va continuer d’évoluer négativement». Au-delà de la motivation des équipes, un tel engagement exige des moyens humains et financiers adéquats et il faut qu’il s’inscrive dans un dispositif social plus large porté par des politiques de la jeunesse ambitieuses au niveau communal (conseillers et conseillères en insertion, police, etc.).
Des racines et des fondamentaux de l’ASC
Face aux quatre crises émergentes, «l’hypothèse que l’on peut formuler est que la part du métier qu’il s’agit peut-être de développer encore aujourd’hui est la capacité d’imagination sociale, l’art d’animer au niveau local les espaces publics de sensibilisation et de débat sous des formes originales, de renouer en quelque sorte avec les racines militantes du métier et les pratiques de ‘conscientisation’», écrit Roland Junod.
Aux MQ de Carouge, Chausse-Coq et Plainpalais, et au Locados, comités et équipes d’animation ne manquent pas de puiser dans ces racines militantes pour imaginer et concevoir des activités ou des manières de faire hors des sentiers battus pour nourrir ce «tampon fertile» et «avant-gardiste» qu’est l’ASC, comme la qualifient Aurélia Heiniger et Xavier Gilloz. Défrichant de nouveaux espaces, ces centres illustrent avec vigueur la résilience, la réactivité créative et la capacité permanente d’adaptation, trois fondamentaux qui font la force de l’animation socioculturelle et dont ont tant besoin nos espaces démocratiques face à la complexité des enjeux. Il faut se réjouir de ces émergences et espaces d’émancipation qui cimentent le vivre ensemble dans les quartiers, et les soutenir sans modération.
Laure Bonnevie (Histoire de mots)
Penser l’avenir de l’ASC : une table-ronde de la FCLR
Les réflexions, projets et approches déployées par ces centres et les huit personnes qui en ont partagé la saveur nourriront sûrement les interventions et les discussions lors de la table-ronde que la FCLR organise le 16 novembre prochain sur le thème : «ASC : est-ce déjà trop tard pour penser l’avenir ?».
Sous ce titre volontairement provocateur, cinq intervenant·es se succéderont pour questionner la nature visionnaire de la charte cantonale, sa capacité à porter une vision de société et les manières de concrétiser cette vision. Il s’agira aussi d’explorer les conditions requises pour permettre à l’ASC d’accompagner les changements à venir, et de réfléchir aux ajustements qu’il faudrait apporter au dispositif pour qu’il soit capable d’accueillir l’avenir…
Informations pratiques
- Date : jeudi 16 novembre dès 18h30
- Lieu : tiers-lieu d’après, le réseau de l’économie sociale et solidaire
- Programme, intervenant.es et inscription : https://fclr.ch/30-ans-de-la-charte/
[1]Junod R. (2019). L’animation socioculturelle en Suisse romande… de son émergence à nos jours. Histoire et références (ouvrage à paraître) – Accessible en ligne : https://federanim.ch/wp-content/uploads/ressources/Chartes%20et%20texte%20de%20r%C3%A9f%C3%A9rence/2019_Junod_ASC_Engagement.pdf (consulté le 25 octobre 2023)