Coopération bénévoles / professionnels : FLCR et FASe posent un nouveau jalon

Lettre de la Fédération juin 2017

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Le 20 mai dernier, plus de 40 représentants de centres, de la FCLR et de la FASe se sont interrogés, le temps d’une matinée, sur le sens du « travailler-ensemble » dans les centres d’animation socioculturelle. Dans la continuité des processus de réflexion sur la coopération entre comités bénévoles et équipes professionnelles, initiés en parallèle par la FCLR et la FASe, ce « Regards croisés » a posé un acte fondateur. Pour la première fois, FCLR et FASe, bénévoles et professionnels se sont associés dans un même élan coopératif pour élaborer le programme et explorer les voies d’une meilleure… coopération, justement. Autant dire que la démarche s’annonçait sous les meilleurs auspices. Retour sur les temps forts de cette matinée.

Certes, il y a bien eu quelques hésitations à maintenir la date en raison du peu d’inscrits. À cette période de l’année, les agendas débordent de sollicitations, sans parler du beau temps. Pourtant, les organisateurs ont persisté. Bien leur en a pris car ce matin-là, il a fallu rajouter des chaises dans la grande salle de la Maison de quartier de Carouge. Le menu était, il faut le dire, des plus alléchants.

De la théorie…

À commencer par une entrée en matière particulièrement savoureuse concoctée par Jérôme Grand, chercheur au département de politique internationale de l’UNIGE. Lui-même ancien professionnel du travail social et ancien « comitard », il s’est attaché à fournir des outils théoriques sur la notion de coopération et les conditions de sa réalisation : des éléments structurels (un exemple : les deux parties collaborantes doivent avoir des intérêts en commun), des éléments subjectifs (les motivations qui guident l’engagement dans un comité à travers huit types de personnalités), et la force de l’intelligence collective pour gérer les attentes différentes.

Des esprits chagrins ont un peu regretté que l’on s’attarde autant sur la théorie. Mais vite, la discussion bouillonne autour des complémentarités. Des figures bénévoles rappellent que sans les professionnels, les centres seraient bien en peine d’agir. Des professionnels disent leur attachement aux comités associatifs, liens directs avec les quartiers et seuls garants de la participation de tous. Un chiffre claque : ces prochaines années, la FASe devra remplacer 150 départs à la retraite, soit 20% de son effectif. C’est un enjeu important car le système est compliqué à comprendre : il faudra savoir transmettre les valeurs et la manière de fonctionner à tous ceux qui arriveront. Préserver cette richesse incombe à tous les acteurs, FASe et FCLR en tête. Mais pas seulement. Quelqu’un souligne le rôle que doit aussi jouer la Haute école de travail social (HETS), chargée de former les professionnels. Dans le public, on acquiesce. La Commission Formation de la FCLR se penche justement sur la question et planche sur des recommandations à faire à la HETS.

…A la pratique

En écho, le plat de résistance ne manque pas de sel, lui non plus. Pour cette deuxième partie de matinée, trois binômes prennent place à la table-ronde : un bénévole et un professionnel de trois centres (MQ Acacias, MQ Avanchets et Le Spot- MQ Chêne-Bourg) « pitchent » en dialogue, slamant presque pour certains, leur vision de la coopération. Ainsi sur le panel aussi, les regards se croisent et s’entremêlent, donnant une illustration positive de la complémentarité entre les deux composantes de l’animation socioculturelle. Mais attention, sans angélisme ! Les tensions existent et personne ne les tait ni ne les nie. En revanche, on met un point d’honneur à décortiquer la manière dont son centre les a résolues, même si c’est parfois dans la douleur.

Dans le public, certains y ont vu l’allégorie du couple, avec ses bons moments et ses moins bons, lorsque la relation se gâte et puis déçoit, lorsqu’il faut savoir reconnaître le gâchis. C’est qu’entre comité et équipe professionnelle, on ne se choisit pas. Il faut donc faire avec. Et pour le faire au mieux, on rappelle volontiers les enjeux d’une bonne communication car pires encore que les affrontements, les non-dits tuent la coopération. Des professionnels se disent qu’ils sont aussi responsables du bon fonctionnement des comités. On invite également à lire ou à relire les termes de la loi et ceux de la CCT pour se remettre en mémoire les rôles et responsabilités des uns vis-à-vis des autres. D’autres pistes – comme la mise en place de règlements internes – suscitent un intérêt certain.

Les centres, notre bien commun

« Les centres sont notre bien commun qu’on doit nourrir et dont on doit bien s’occuper », dit encore un participant inquiet. Comme pour le rassurer, Danièle Warynski, chargée d’enseignement à la HETS, propose à l’assemblée son dessert aux parfums subtils de convergence. Chargée de conclure ce « Regards croisés », elle égrène les pistes de travail qui ont émergé de la matinée, émaillant son propos d’expériences et de constats personnels. Elle relève aussi les enjeux : l’indispensable question du sens de l’animation socioculturelle en contrepoint des réflexes consuméristes, la transmission de l’héritage des militants associatifs qu’il faudra en effet soigner et évoque à ce sujet le projet d’un module de formation dans le cadre de l’enseignement de la HETS.

Personne ne le conteste, la période actuelle n’est pas celle de la coopération la plus harmonieuse dans le monde de l’animation socioculturelle genevoise, et il faudra bien faire avec les divergences et les différences. Mais ce qu’il s’est passé ce 20 mai ressemblait fort à un exercice de permaculture humaine : il y avait « du débat, de la vie », « un esprit de rencontre et de dialogue », et l’envie chez l’ensemble des partenaires d’aller de l’avant dans la poursuite du processus conjoint.

Un régal pour les papilles et les pupilles de ceux qui étaient là, ce matin-là. Pourvu que ça dure !

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